Visa Waiver Program : qu’est-ce que l’ESTA USA?

Le programme américain d'exemption de visa (ou Visa Waiver Program) a considérablement évolué au cours des 30 dernières années. Lancé en 1986 en tant qu'initiative pilote de diplomatie publique par le président Ronald Reagan, il visait à asseoir l’hégémonie culturelle des Etats-Unis d’Amérique dans le contexte de la guerre froide, à doper les recettes du tourisme et à donner un nouveau coup de pouce au bras de fer idéologique entre le capitalisme et le communisme. L’initiative visait également la réciprocité des exemptions de visa, pour permettre aux ressortissants américains de sillonner le monde sans passer par les complications administratives des visas. 

En somme, en vertu du Programme d’Exemption de Visa, les ressortissants des pays listés par le gouvernement américain pouvaient se rendre aux Etats-Unis sans visa, sur simple présentation d’un titre de transport, pour des séjours touristiques et des voyages d’affaires d’une durée maximale de 90 jours. Depuis les événements du 11 septembre 2001, les États-Unis ont progressivement durci ce programme d’exemption jugé laxiste et inadapté au contexte sécuritaire mondial. Ainsi, les gouvernements qui se sont succédé au Pays de l’Oncle Sam ont ajouté des restrictions sur toute la décennie 2010. Ils ont notamment mis davantage l'accent sur l'intégrité des documents, élargi le partage des renseignements et créé le système électronique d'autorisation de voyage ESTA (voir notre article de synthèse «  Formulaire ESTA USA ») pour tous les voyageurs du Visa Waiver Program. Aujourd’hui, ce programme intègre 39 pays, avec une majorité d’Etats de l’Union européenne et de l’OCDE, des pays asiatiques riches comme Singapour et Taïwan, ainsi que petites nations comme le Sultanat de Brunei, Monaco, Andorre ou encore Saint-Marin. 

L'Union européenne (UE) s'inquiète du fait que les États-Unis n'incluent pas tous les États membres de l'UE dans le Visa Waiver Program : la Bulgarie, la Croatie, Chypre et la Roumanie n'ont pas encore été admis. En revanche, les citoyens américains sont autorisés à se rendre dans tous les États membres de l'UE pour des voyages d'affaires ou de tourisme de courte durée sans visa, ce qui pose un problème de réciprocité. Cette situation n’est d’ailleurs pas étrangère à la volonté de l’UE de se doter d’un mécanisme similaire : l’ETIAS.